et si marie antoinette...

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Les lettres à Madame de Lamballe, toutes fausses? (2)

 

Laissons de côté l'authentification des lettres de Marie Antoinette en général pour nous focaliser sur sa correspondance avec Madame de Lamballe. Première remarque: il n'existe à ma connaissance aucun écrit de la princesse à la reine. Nous ne savons donc pas comment Marie Louise Thérèse s'adressait à sa royale amie.

 

Ce manque est frustrant du point de vue psychologique, car nous ignorons avec quel degré d'intimité la princesse répondait à sa souveraine. Mais il est aussi crucial dans la question qui nous préoccupe. Il serait en effet plus facile de conclure à la véracité d'une pièce si nous pouvions la replacer dans la suite logique d'une correspondance...

 

... encore que... nous l'avons vu, quand les faussaires maîtrisent leur sujet, pour nous, l'exercice devient une gageure!

 

Aucun mot de la princesse à la reine, hélas... Cependant, nous avons quelques écrits, dont ce petit autographe, qui date du moment où la jeune femme entra dans sa fonction de Surintendante de la Maison de la Reine:

 

 

Les lettres à Madame de Lamballe, toutes fausses? (2)

http://maria-antonia.justgoo.com/t6p405-la-duchesse-de-polignac

 

 

En revanche, les biographes citent maintes missives envoyées à son amie par la reine enfermée aux Tuileries, toutes plus émouvantes les unes que les autres. Nous sommes en effet à un moment-clef de la vie de Marie Antoinette et de la Révolution, la famille royale vient d'être ramenée de Varennes et ces lettres tergiversent sur la nécessité pour la princesse en exil de reprendre sa charge à la Cour. Tantôt elles la supplient de ne pas revenir se mettre en danger, tantôt elles avouent le besoin qu'aurait Marie Antoinette du soutien de son amie.

 

Il est cependant à noter que Stefan Zweig récuse ces pièces, toutes, dans leur ensemble. Mais, bon... Zweig est parfois un peu prompt à écarter des témoignages, comme celui de Rosalie Lamolière à la Conciergerie, par exemple...

 

Plus déterminant paraît le fait qu'Evelyne Lever ne recense absolument aucune lettre à Madame de Lamballe dans son édition 2005. Ok... Là aussi, remarquons que l'historienne ne cite pas non plus un seul des 13 messages écrits par la reine à la gouvernante de ses enfants, Madame de Guéménée,  malgré tout l'intérêt psychologique suscité par leur contenu. 

 

Toujours est-il que ces deux abscences sont inquiétantes. Ajoutons que la collection Paléo ne retient pas non plus cette correspondance, et nous voilà tout à fait en alerte. 

 

 

 

http://maria-antonia.justgoo.com/t5064-qu-est-ce-qui-fit-revenir-la-princesse-de-lamballe?highlight=lamballe

 

 

Il nous reste alors à examiner le contexte. Et, là, nous possédons des sources incontestables. D'une part, la correspondance échangée entre Marie Antoinette et le constitutionnel Barnave qui fait état de la nécessité pour les émigrés de rentrer en France. Le tribun presse la reine, qui lui répond le 29 septembre 1791: 

 

Au reste, on aura beau dire, ce n'est pas de notre aveu qu'ils (les émigrants) s'en vont. Nous ne pouvons rien dire, et la plus forte preuve que nous ne sommes pas d'accord, c'est que toutes les personnes sur lesquelles j'ai vraiment des droits reviennent, nommément Mme de Lamballe que j'engage à revenir.

 

Du côté de la princesse de Lamballe, écho irréfutable: le 15 octobre 1791, elle rédige son testament car elle mesure les dangers auxquels elle s'expose en rentrant en France. Une des pensées de ce long document est adressée à la reine:

 

Je supplie la reine de recevoir une marque de reconnaissance de celle à qui elle avait donné le titre de son amie, titre précieux qui a fait le bonheur de ma vie et dont je n'ai jamais abusé que pour lui donner des témoignages d'attachement et des preuves de mon sentiment pour sa personne que j'ai toujours aimée et chérie jusqu'à mon dernier soupir. Je lui demande donc, pour dernière grâce, d'accepter ma montrer à réveil pour lui rappeler l'heure de notre séparation et celles que nous avons passées ensemble...

 

Donc, historiquement, il a existé au moins une lettre écrite par la reine à sa Surintendante et amie. Plus que vraisemblablement une réponse. Et sans doute toute une correspondance. Sont-ce ces lettres déchirantes que nous citent les biographes? 

 

C'est ce que nous allons essayer de déterminer...



12/08/2014
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