et si marie antoinette...

et si marie antoinette...

Une danseuse italienne préparant la fuite à Varennes? Des gens hors du commun: le couple Craufurd (6)

 

 

Lorsque la reine est transférée à la conciergerie, Fersen envoie le financier Ribbes pour négocier sa déportation avec Danton. Quintin et Eleonore s'embarquent pour Londres en vue d'obtenir du gouvernement anglais l'argent nécessaire. 
 
 
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Marie Antoinette dans sa cellule
 

Le 13 octobre a lieu entre Fersen et Eleonore Sullivan une conversation décisive, que nous connaissons par le journal du comte. Tous deux se rendent bien compte qu'ils ne peuvent pas continuer comme ça, se suivant mutuellement et accompagnant Quintin. Il faut qu'une décision se prenne. Mais Eleonore a l'air de faire mieux le tri dans ce qu'elle ne veut plus que dans ce qu'elle désire... 

Eléonore me parla de sa position; elle en est ennuyée à l'excès; elle me dit être résolue à finir cette vie qui lui était insupportable. Elle m'assura qu'elle viendrait avec moi, mais qu'elle ne pouvait aller en Suède, dont le climat était trop froid, et qu'elle ne pouvait rien finir avant que je me fusse décidé
consigne Fersen dans son dagbok.
 
Quelques jours après ces réflexions où Axel a bien pesé le pour et le contre, il apprend que Marie Antoinette a été guillotinée, et se lamente. Quelque temps encore, ce trio continue sa vie errante, soudé par la douleur et les souvenirs. 
 
 

Marie Antoinette conduite au supplice
 
 
 
Mais l'aura qui les nimbe suffira-t-elle encore longtemps à les attacher ? Eleonore a dépassé la quarantaine, elle ressent le besoin de se fixer. Sa fille est venue vivre auprès d'elle pendant que son mari guerroie dans les rangs autrichiens. Quintin goûte toujours la compagnie sereine de ses livres. Mais sa récente nomination en tant que commissaire du gouvernement britannique près de l'armée autrichienne le pose en rival de Fersen, qui le trouve ingrat : 

... depuis la mort de l'infortunée reine, je n'ai pas à m'en louer, se plaint-il à son journal. Il semble ne m'avoir ménagé que tant que cela pouvait lui être utile. Depuis cette fatale époque il ne m'a jamais parlé des affaires, tandis que c'est à moi qu'il doit d'avoir été assez connu pour pouvoir en être informé et y être employé; encore est-ce à présent d'une manière très subalterne. Mon orgueil en est blessé, mais je regarde au-dessous de moi de le faire paraître.
 
En octobre 1794, les amis doivent abandonner Bruxelles, reprise par les Français. Ils se fixent à Francfort auprès de la famille d'Orsay. Fersen apprend la mort de son père et se voit contraint de rentrer en Suède. Sur les biens considérables dont il va hériter, il prévoit une rente viagère pour Eléonore. Voilà donc nos trois compagnons séparés. En Suède, la beauté nostalgique de Fersen fait tourner toutes les têtes. Mais aucune de ses adorarices ne lui paraît préférable à Eleonore. Aussi, après un voyage de quelques mois à Vienne pour y rencontrer la duchesse d'Angoulême, rejoint-il le couple Craufurd à Francfort. 

Là se tiennent d'interminables dialogues entre les amants et de non moins longues réflexions solitaires. Les compromis et l'aigreur semblent avoir remplacé la passion. En 1797, l'avènement de Gustav IV voit le retour de la faveur de Fersen. Nommé plénipotentiaire, il rencontre Napoléon le 28 novembre, une visite qui le mortifie. 

Ses nouvelles fonctions le tiennent de plus en plus éloigné de Francfort. Et puis, une méprise du vieux Simolin va faire exploser définitivement le trio de vaudeville. Une lettre d'Eleonore à Axel atterrit par erreur entre les mains de Quintin. Brusquement, au bout de 10 ans, les yeux du doux rêveur se dessillent. C'est la rupture définitive avec le beau Suédois, mais non point avec la muse italienne. Plus tard, Quintin épousera en effet Eleonore.

Le comte de Fersen rentre pour de bon en Suède, où il exerce de hautes charges jusqu'à sa fin épouvantable, le 20 juin 1810.
 
 

Fersen arborant les insignes de ses fonctions
 
 
Craufurd vieillissant ne rêve plus que de retrouver Paris. Dès le 28 mai 1799, il demande au directoire sa radiation officielle de la liste des émigrés, où il figure depuis le 28 mai 1793. Le département de la Seine accepte, mais le directoire refuse. Quintin Craufurd n'obtiendra son retour en France que trois ans plus tard.
 
 
 


03/05/2014
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