et si marie antoinette...

et si marie antoinette...

Description de la reine de France (2)

 

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Ce qui frappe les visiteurs, c'est l'allure de la reine. Elle leur paraît grande. Encore faudra-t-il déterminer si elle est grande par sa fonction et ses atours ou par nature. Ensuite, ceux qui ont eu la chance de l'approcher donnent parfois des descriptions détaillées des traits de son visage. 

 

Ces deux aspects, grandeur et beauté, sont souvent envisagés dans le même témoignage, comme nous allons le voir. 

 

Attachons-nous d'abord aux impressions consignées par un autre page, le comte Félix d'Hézecques. C'est d'autant plus intéressant qu'il a lui aussi fréquenté la Cour, et donc vu la reine en personne. 

 

Lorsque j'arrivai à Versailles, la reine était dans sa trente et unième année, et dans tout l'éclat de sa beauté ; car cette princesse, qui ne fut point ce qu'on peut appeler jolie, et qui n'avait pour elle que son port majestueux, sa tenue de reine, possédait alors tous ces avantages à un plus haut degré que lorsqu'elle était arrivée en France, à l'âge de quinze ans. 


Quand elle sortait de son appartement, au bout de la galerie, pour venir, le dimanche, chercher le roi et aller à la messe, on voyait, au-dessus de son entourage, s'agiter les plumes de sa coiffure, et, selon l'expression de Fénelon, «elle dominait de la tête toutes les dames de sa cour, comme un grand chêne, dans une forêt, s'élève au-dessus des arbres qui l'environnent.»


Il paraît qu'à cette époque elle prenait cette démarche un peu fière, pour confondre les calomniateurs audacieux qui avaient voulu la compromettre dans une procédure odieuse, et la faire passer pour complice d'une infâme escroquerie. 

 

Voilà une belle remise en contexte! Aux yeux d'Hézecques, Marie Antoinette est belle sans être jolie, et ce qui la caractérise, c'est son port majestueux. Particularité qu'elle cultive pour tenir tête aux avanies et souillures qui éclaboussent son passage. Elle domine de la tête, mais ce qui s'élève au-dessus des autres, ce sont les plumes et accessoires de sa coiffure. 

 

Cette description me fait penser à la remarque de Mercy, qui trouvait que le négligé ne convenait pas à Marie Antoinette. Sans doute, avec son long cou, ses traits nobles, son maintien digne, avait-elle davantage besoin d'apprêts que son amie, Madame de Polignac, qu'une simple fleur dans les cheveux parait? 

 

 

déclinaison du portrait peint par Dagoty en 1775

http://maria-antonia.justgoo.com/t70-dagoty-portrait-officiel-de-1775

 

 

Dans le même ordre d'idées, nous avons l'opinion de la comtesse d'Abrantès. Il s'agit en l'occurence forcément d'un témoignage de seconde main, puisque Laure Junot duchesse d'Abrantès est née en 1784. Mais le voici tout de même, pour ce qu'il vaut :


Elle avait dans sa personne l'élégance de son esprit et de ses goûts. Sans être très-grande, sa taille avait une juste proportion, qu'elle doublait lorsqu'elle traversait la galerie de Versailles avec cette dignité gracieuse qui la rendait adorable et se manifestait par le moindre de ses mouvements. 
Ses cheveux étaient charmants, son teint admirable, ses bras et ses mains beaux à servir de modèle. Si l'on ajoute à tous ces avantages une bonne grâce inimitable et le prestige magique du rang de reine de France on ne s'étonnera plus de l'enthousiasme délirant qu'inspira si longtemps Marie-Antoinette à la France entière.

 

Madame d'Abrantès nous donne une précieuse indication sur la taille de la reine: ce sont bien les circonstances et la contenance qui la font paraître si grande. 

 

Impression que vient confirmer le témoignage de Madame Cradock, une Anglaise en visite à Trianon en juillet 1784: 

 

Elle est jolie, très blonde et d'une taille moyenne. Toute sa personne respire un air naturel de dignité sans fierté. Sa toilette, pleine de distinction, était très simple. Des paniers peu exagérés, une robe à la turque en taffetas gorge de pigeon, bordée tout autour d'un étroit ruban blanc; le corsage garni de très petits boutons d'agate. Coiffée un peu bas, ses cheveux disparaissaient en partie sous un mélange élégant de gaze et de rubans bleus. Peu de rouge.

 

Pour Madame Cradock, pas de doute, la reine, qu'elle a vue en toute simplicité, est de taille moyenne.

 

Nous n'irons pas suspecter de flatterie une étrangère de passage. Madame Cradock a rencontré Marie Antoinette à Trianon, dégagée de l'apparat royal qui la fait paraître plus imposante que sa suite, et elle la trouve jolie. 

 

Ah... Voilà qui ne nous facilite pas la tâche! Nous avions fini par nous familiariser avec l'idée que la reine avait cette noblesse de traits et de maintien qui lui tenait lieu de beauté. Et ce témoignage vient brouiller toutes les cartes! Au naturel, sans apprêts, Marie Antoinette pouvait plaire aussi. 

 

Peut-être ce charmant tableau rend-il un peu de la sérénité que la reine respirait à la campagne?

 

 


par Vestier, Dumont ou Dagoty? après 1780

http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Marie_Antoinette_Adult3.jpg

 

 

Plus nous la cherchons, plus elle nous échappe. Elle est tout à la fois dans la dignité de ses tableaux en majesté et dans la légèreté de ses chemises de dentelles. Personnage complexe, elle dégageait un charme qui ne résidait pas dans les traits de son visage, mais dans ses expressions, son sourire, son rire, sa voix, ses mouvements... tous ces petits riens indéfinissables qui font une physionomie, et que, pour Marie Antoinette, nous ne pouvons qu'effleurer et deviner à travers les oeuvres et les témoignages. 



29/01/2014
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