et si marie antoinette...

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Fersen et Marie Antoinette... Furent-ils amants? (3)

 

 

 

L'ont-ils fait ou pas? C'est en fait la question la plus facile à débattre. Autre chose sera de s'interroger sur la nature exacte de leurs sentiments...

 

Les contemporains avaient déjà glosé sur les relations entre la reine de France et le comte suédois. Certains les prétendaient même amants. Par la suite, les historiens de la Restauration, soucieux de protéger la mémoire de leur reine martyre, ont exclu cette hypothèse. La publication de la biographie écrite par Stefan Zweig inversera complètement la donne, en faisant de Marie Antoinette un être de chair, une femme tout à fait faillible et désireuse de faire à l'homme qu'elle aimait le don suprême.

 

Depuis, cinéastes, romanciers et historiens même se laissent aller à tous les fantasmes. On voit le couple consommer dans les bosquets de Trianon, sous les toits de l'attique, lors d'une fête organisée en l'honneur du roi de Suède, sur le lit conjugal le matin même du 5 octobre, à Saint Cloud, aux Tuileries... J'en passe et des meilleures.

 

 

 http://www.youtube.com/watch?v=--mZXLds0R8

 

 

Or, la question reste entière: Marie-Antoinette avait-elle la possibilité, si elle le souhaitait, de se permettre un amant? Pour ramener les rêveurs sur terre, il suffit de relire le chapitre des GIRAULT DE COURSAC consacré à la problématique Fersen dans leur Louis XVI et Marie Antoinette, vie conjugale - vie politique (pp 690-712). 

Pour qu'une reine puisse prendre un amant, nous expliquent-ils, il faut que les trois conditions suivantes soient remplies :
1° que le roi soit au courant et ferme les yeux;
2° que la reine ait assez d'empire sur son mari pour détenir toute l'autorité, et notamment le pouvoir de nommer son amant à une place de choix;
3° que le roi n'ait aucun parent assez ambitieux à qui la révélation de l'adultère de sa femme serait utile.

Une seule de ces conditions manquante mettrait la reine adultère en danger. Pour Marie Antoinette, c'est mathématique, elle n'a pas pu avoir d'amant, vu qu'aucune de ces conditions n'a été rencontrée. 

 

Louis XVI n'était pas, contrairement à la caricature croquée par la propagande révolutionnaire, un gros roi Dagobert. Au contraire, les récents travaux des Girault de Coursac et de Félix ont mis en lumière sa fermeté de caractère, son attachement au pouvoir et sa volonté d'autorité. Avec lui, Marie Antoinette filait doux. On le voit mal accepter sans broncher que sa femme, la reine, prenne un amant. 

 

Nous avons tendance, nous, lecteurs modernes, à imaginer Marie Antoinette bien plus libre qu'elle ne le fut en réalité. En fait, l'étiquette en ce qui concerne la reine de France constituait un écueil inébranlable, et ce précisément parce qu'elle était là pour garantir la pureté de la lignée. Aussi la reine de France était-elle toujours accompagnée. 

 

Certains prétendront alors qu'il n'en allait plus de même au temps des Tuileries. Ce serait faire peu de cas de la surveillance de ces messieurs de la révolution, dont le but était de surprendre l'Autrichienne en flagrant délit d'adultère pour pouvoir l'enfermer dans un couvent et en débarrasser le roi. Donc, là aussi, peu de chances que Marie Antoinette puisse batifoler avec Fersen ni aucun autre.

 

Très épiée, la reine l'était aussi par la famille du roi. Son frère Provence estimait depuis toujours que le trône aurait mieux convenu à sa propre personne. Son cousin Orléans lorgnait lui aussi sur la couronne. Qu'un adultère soit avéré et ces deux-là auraient à coup sûr sauté sur l'occasion d'ôter à jamais toute légitimité à une descendance qui les encombrait tant! 

Pourtant, me direz-vous, les témoignages abondent... Non, en fait, pas tant que ça. Et surtout pas un seul qui résiste à l'analyse. A commencer par le fait qu'ils émanent tous de gens éloignés des souverains.

A l'opposé, très déterminante est l'absence de Fersen dans les mémoires de Madame Campan et les rapports de l'ambassadeur Mercy. Or, Madame Campan était la femme de chambre de la reine et donc une des personnes les plus proches et les plus à même d'être au courant de la moindre incartade. Mercy représentait l'oeil de Moscou, chargé de rapporter à Marie Thérèse toutes les mésaventures arrivées à son archiduchesse. Il nous parle de Madame de Polignac, de Madame de Lamballe, de Besenval, Coigny, Lauzun... et d'autres encore... Fersen? Rien. Pourtant, peut-on raisonnablement penser que, s'il y avait eu le plus petit danger de renvoi en Autriche, il n'en aurait pas immédiatement averti l'omnipotente Madame Mère? 

De même, lors du procès de Marie Antoinette, l'accusateur fit une brève allusion à Fersen, dans le cadre de la fuite à Montmédy. Il demanda à la reine quelle était la nationalité de cet homme. C'est tout. Aucune allusion à d'éventuelles débauches, alors qu'Hébert sera contraint d'inventer une immonde histoire d'inceste pour salir la reine. S'il y avait eu matière à creuser dans l'affaire Fersen, le tribunal aurait-il hésité un instant?

 

Mais deux facteurs ont concouru au déploiement de la légende Fersen. Le premier, c'est la réputation sulfureuse de la reine, savamment entretenue depuis le début par ceux qui y avaient intérêt. Le deuxième, c'est que, contrairement aux assertions de Saint Priest, Fersen n'aurait pas été de tous les amis d'une reine, le plus discret. Loin s'en faut!

Axel de Fersen

http://lesrosesderosetta.forumactif.org/t108-le-comte-hans-axel-von-fersen

 



A ces facteurs s'en ajoute un autre, moderne et aggravant : la volonté de certains auteurs actuels d'offrir à Marie Antoinette une passion qui fait battre leur propre coeur...  

En quoi Fersen aurait-il manqué de discrétion ? Eh bien, selon le couple Girault de Coursac, il se serait très bien accommodé de sa réputation d'amant de la reine de France. Somptueuse étiquette pour séduire les femmes mais aussi les congédier après usage. Pour se débarrasser des importunes, il recourait à la technique de leur déclarer tout, et elles s'en allaient très flattées. 

Fat, Fersen n'aurait pas réellement propagé la rumeur, mais il n'aurait rien fait pour la démentir non plus. Après tout, selon le code des séducteurs du XVIIIe, qu'importe la véracité de l'exploit, du moment qu'on le crût dans le monde? 



13/01/2014
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