et si marie antoinette...

Reprenons ce dossier compliqué. Dans la correspondance qu'elle échange avec ses fidèles lors des préparatifs du voyage, un lieu de destination revient à plusieurs reprises sous la plume de la reine: Montmédy. Il semble donc aisé de conclure que le but recherché était la forteresse...

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Mais, si vous avez la curiosité de dépasser Varennes et même Montmédy pour pousser une pointe jusqu'au petit village de Thonnelle, vous verrez cette émouvante plaque commémorative qui rappelle que le cours de l'Histoire aurait pu tourner autrement...

 http://maria-antonia.justgoo.com/t824p75-reperage-a-varennes-et-dans-la-region?highlight=rep%E9rage

En effet, il était prévu que la famille royale logeât à Thonnelle, dans la maison de l'abbé de Courville.

Mais était-ce bien là le but, pour la reine? Ou juste une étape?  

 Ce qui me m'interpelle, c'est une coïncidence d'événements survenus juste avant le départ. D'abord, les bijoux de la reine... 

Le coffre des diamans fut remis à Léonard, coiffeur de la reine, consigne Madame Campan dans ses mémoires, qui partit avec M. le duc de Choiseul, et ce dépôt fut laissé à Bruxelles. 

Pourquoi à Bruxelles? Pour les mettre en sûreté en terre autrichienne, me direz-vous... Peut-être.

Ce n'est pas tout. Incapable d'envisager un voyage sans son nécessaire, Marie Antoinette l'a fait expédier... devinez où... 

nécessaire original

http://www.ascasonline.org/articoloMAGGI170.html

Ensuite, pressentant tout ce que cet envoi pourrait présenter de suspect, Marie Antoinette a imaginé une histoire très embrouillée: elle a fait faire un meuble identique pour sa soeur Marie-Christine, la gouvernante des Pays Bas. 

Comme celui que j'ai commandé pour elle ne sera fait que dans six semaines, écrit-elle à Mercy le 4 juin 1791, il est instant, je crois, de faire partir le mien en attendant. M. de Blumendorff sera donc chargé de vous le faire passer d'ici à huit ou dix jours; il faut ce temps pour ôter de toutes les pièces d'argenterie mon chiffre, qui suffirait pour faire annoncer, au cas qu'on visite, que c'est le signal et la preuve que je vais m'en aller.

Comme vous allez le voir, personne ne sera dupe. Reprenons les souvenirs de Madame Campan...

Après le retour de Varennes, le maire de Paris remit à la reine une dénonciation de la femme de garde-robe, datée du 21 mai, où elle déclarait qu'il se faisait des préparatifs aux Tuileries pour un départ; qu'on avait cru qu'elle ne devinerait pas le motif de l'envoi du nécessaire de la reine à Bruxelles, mais que l'annonce d'un présent fait par Sa Majesté à sa sœur n'était qu'un prétexte; que Sa Majesté était trop attachée à ce meuble pour s'en priver, et qu'elle avait dit souvent qu'il lui serait très-utile en cas de voyage. 

Enfin, il reste un témoignage, à la fois décisif et douloureux. C'est celui de l'empereur Léopold II, le frère de la reine. De mauvaises informations lui étaient parvenues, et il croyait que la famille royale avait réussi à s'échapper de Varennes. Le 2 juillet, il écrit donc à sa soeur:

Dès que j'aurai la sûreté de votre arrivée à Bruxelles ou chez moi, et que je saurai vos intentions, je donnerai d'abord toutes les dispositions pour les exécuter.

Toujours dans l'illusion, voici ce qu'ajoute Léopold quelques jours plus tard, le 5 juillet:

Enfin, grâce à Dieu, j'ai reçu la nouvelle que vous êtes heureusement arrivée à Luxembourg, et que le roi est en sûreté à Metz.

Avec tous ces indices, il nous est à présent possible de reconstituer l'itinéraire des souverains. La berline devait manifestement arriver à Montmédy, et la famille royale passer la nuit en sûreté dans le village voisin. 

demeure de l'abbé de Courville à Thonnelle

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Parvenu là, que le roi reste dans la forteresse ou se rende à Metz, il ne comptait pas quitter la France. C'est bien la teneur des propos de la reine rapportés par Madame Campan:

Au reste, elle m'assura que le roi n'allait qu'aux frontières pour traiter de-là avec l'Assemblée, et ne quitterait la France que dans le cas où son plan et ses propositions ne produiraient pas l'effet espéré.

Mais, pour Marie Antoinette, le voyage n'était pas terminé. Il était prévu qu'elle rejoigne sa famille aux Pays Bas autrichien.

Jacques Carabain – Grand Place de Bruxelles – Huile sur toile

En ce beau mois de juin 1791, Bruxelles, avec son Parc Royal, son Théâtre de la Monnoye, ses rues animées, ses boutiques, ses drapiers et ses artisans, est toute prête à recevoir ma reine...