et si marie antoinette...

Quelle énormité! Personne n'a jamais voulu fuir à Varennes. En tout cas, pas Louis XVI ni Marie Antoinette. Mais ils y ont été arrêtés dans des circonstances si rocambolesques que l'expression s'est gravée dans la postérité. 

 La berline arrêtée à Varennes

En fait, des projets d'évasion couraient depuis 1789 et les Journées d'Octobre. Marie Antoinette, surtout, aurait voulu mettre sa famille à l'abri. Le roi était plus réticent. Néanmoins, au printemps 1791, voyant son pouvoir et ses liberté se réduire comme peau de chagrin, il se décide à quitter Paris. 

Un projet se monte minutieusement. Bien qu'il soit secret, un certain nombre de gens y participent à différents niveaux. La légende populaire n'a retenu que deux noms, ceux de Marie Antoinette et de Fersen. Pourtant, en ce qui concerne sa partie, Fersen n'est pas seul à veiller aux détails pratiques de l'équipée. Un couple se met au travail et en danger avec lui, les Craufurd, comme le comte suédois étrangers dévoués à la cause de la monarchie française mais, à la différence de ce dernier, injustement tombés dans l'oubli. 

Qui étaient donc cet homme et cette femme hors du commun ? 

Quintin Craufurd... Comme souvent, on commence par un problème de nom. Craufurd est parfois écrit Crawford. Je respecterai ici l'orthographe qui correspond à sa signature. On trouvera des renseignements sur lui au détour des livres consacrés à Fersen et, surtout, dans cette biogaphie écrite par Emile DARD, Un rival de Fersen, Quintin Craufurd, Flammarion, 1947.

Quintin Craufurd est né le 22 septembre 1743 à Kilwinninck, dans le comté d'Air, en Ecosse. Cadet d'une famille très ancienne, il s'embarque à 17 ans dans la Compagnie des Indes pour subvenir à ses besoins, voire, faire fortune. Il n'a pas encore vingt ans lorsqu'il est nommé quartier-maître-général à Manille, où il se lance dans un commerce fructueux. Il est ensuite chargé de diverses missions qui l'amènent à sillonner l'Inde en tous sens, ce qu'il met à profit pour observer les usages du pays et prendre des notes en vue de plusieurs ouvrages qu'il publiera plus tard.

Toile de Montagne Dawson

Quand celui qu'on appelle le nabad de Manille s'établit à Paris en 1780, bien décidé à y vivre en bon épicurien, il est accompagné par une jolie femme... Anna Eleonora Franchi est née le 12 juin 1750, en Toscane, d'un père tailleur qui habille des troupes de comédiens. La jeune Eleonore se met donc à à voyager avec les saltimbanques, comme figurante, trapéziste ou danseuse. Sur les planches, sa beauté ne tarde pas à attirer l'attention.

C'est ainsi qu'elle est remarquée par le duc régnant de Wurtemberg, qui l'enlève dans son château près de Stuttgart. Il a d'elle deux enfants, un garçon et une fille mais, deux ans plus tard, Eleonore reprend sa vie errante. 

Elle séduit encore le frère de Marie Antoinette, Joseph II, et un diplomate français, qui l'emmène et l'abandonne à Paris. Et c'est sur le pavé qu'elle rencontre celui dont elle gardera le nom, Sullivan, un Irlandais qui veut tenter sa chance aux Indes.

Là, elle fait la conquête de Quintin Craufurd, qui, tombé sous le charme de ses yeux de braise et de son âme pleine d'aspirations, lui propose de partager sa vie. Le couple séjourne en Angleterre, en Hollande, en Allemagne et en Italie avant de se fixer en France, en 1783. 

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